Cyril HERICOURT

Loin d’être un énième chanteur réaliste, CYRIL HERICOURT privilégie une ligne claire, personnelle, idéaliste peut-être, mais entêtée. Une épure jusqu'au-boutiste qui va à l’essentiel plutôt que des pointillés prémâchés.

Depuis quelques temps déjà (années-lumière contre décennies sombres?), il égrène ses mélopées de façon obstinée, faussement ensommeillé et au contraire terriblement éveillé. Originaire de Picardie où il fait ses premières scènes au son du punk rock, puis après avoir battu les pavés d’Arras en clamant ses premières chansons mais surtout celles de Renaud, Brassens ou encore Mano Solo, il continue de glisser sur des chemins de traverse, humant l’air du Poitou où il vit aujourd’hui.


Sa fidèle guitare pour témoin, il nous livre ses observations discrètes et précises, faites d’humeurs kaléidoscopiques, et déroule le fil de luttes intérieures, aussi. Son timbre rauque trahit par moments une intranquillité tenace, et c’est de longues batailles intimes dont il revient bien souvent, la six-cordes non ménagée, pour nous offrir tout le suc.


Rincé, mais toujours lumineux. Car ici prime la philanthropie, plutôt que de vaines utopies.


Après un EP sorti en 2017, réalisé avec le concours du Pharos – Pôle culturel d’Arras dont il fut lauréat (premières parties de Miossec, Les Ogres de Barback, Christian Olivier en 2016…), son premier album autoproduit L’ÈRE DES FAUX AIRS sort en décembre 2021.

S’ensuivront une cinquantaine de dates sur 2022-23 dont la finale du concours « Chansons de Paroles » édition 2023.


Si l’influence de Renaud est toujours perceptible (« Bourgade rouge et grise »), l’ombre de Miossec plane inévitablement (« Veux-tu »). « Au-dessus des nues » ou « Héritage » convoqueraient à son insu Yves Simon, et toujours cette distanciation à peine voilée et l’ironie jamais cruelle, plutôt tendrement mélancolique. Ses chansons ressembleraient à des contes débarrassés des morsures de l’air du temps. Sans être passéiste pour autant, il s’inscrit dans une tradition de chroniqueurs pas mondains pour deux sous, le vent en écho et la nature chatoyante pour refuge. « Un Corps » résonne comme un chœur ultime, le dernier des
Hommes (ou le premier ?).


De résurgences en urgences socio-environnementales, CYRIL HERICOURT ne s’érige pas en donneur de leçons, mais entend bien poursuivre sa route dans une économie autre, à son rythme. Tant pispour les autres et la loi du marché, les apeurés du désert et autres faussaires. L’air fera défaut bien assez vite, le fossé s’ouvrira de nouveau. Alors en attendant, allons-y en chantant, en marchant, en aimant, en jouant, avec appétit, légèrement, sans prendre la pose, osons les temps de côté, et le Vrai.

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